Photographie et exil à l’honneur des Rendez–vous culture de novembre

Initiés au début de l’année 2022, les « Rendez-vous Culture » de la Diair proposaient à ses abonnés sur les réseaux sociaux de découvrir, chaque vendredi, des œuvres culturelles, des artistes, des nouveautés évoquant la problématique de l’exil, par le biais de posts hebdomadaires, nous invitant à reconsidérer la réalité de l’exil dans nos imaginaires collectifs, grâce à l’art et la culture.

« Retenir son souffle, photographier, et mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur », ces mots d’Henri Cartier Bresson reflètent toute l’importance de la photographie, action immédiate qui pour lui tenait rôle de jaillissement, d’intuition et de révolte.

Aujourd’hui, les « Rendez-vous Culture » font leur grand retour à l’occasion du salon de la photographie, dont l’édition 2023 s’est tenue du 8 au 12 novembre au Grand Palais Ephémère à Paris. La Diair a le plaisir d’inaugurer avec vous ce nouveau cycle en mettant à l’honneur des photographes ayant connu ou évoquant l’exil à travers leurs œuvres.

Jusqu’au dimanche 12 novembre, la photographie battait son plein dans la capitale française ! Le salon proposait un parcours de 191 galeries et éditeurs avec un large éventail d’œuvres photographiques issues de la scène française et internationale, des plus classiques aux artistes émergents.

Nous avons pu y découvrir le tout nouveau secteur digital sous la direction de Nina Roehrs où l’art et les nouvelles technologies se rencontrent et le parcours « Elles x Paris Photo » avec une sélection de 35 artistes soutenues par Kering Women In Motion, mettant en lumière les visages féminins de la photographie du XXème et du XXIème siècles.

Un panorama d’expositions, de rencontres festives et de prix photographiques… de quoi illuminer ce mois de novembre, qui sera l’occasion de donner à voir les personnalités qui ont marqué le monde de la photographie, revenant sur le parcours de ces photographes, qui, comme le disait Bill Brandt : « ont su voir plus intensément que la plupart des gens ».

Abdul Saboor, devenu photo journaliste sur la route de l’exil, aujourd’hui réfugié en France

Né en 1992 à Nagrahar en Afghanistan, Abdul Saboor a travaillé comme traducteur pour l’OTAN pendant 6 ans. Il est vite ciblé par les Talibans et fuit son pays en 2015. Durant son parcours d’exil, qui dure près de 3 ans via le Pakistan, il est arrêté, emprisonné et reconduit à la frontière à plusieurs reprises. Adbul Saboor prend des photographies et témoigne des conditions de vie des exilés sur leurs trajets.

En Serbie, où il reste bloqué plusieurs mois en raison de fermeture des frontières de la Hongrie et de la Croatie, en 2016, il œuvre comme bénévole. Il commence alors à photographier ce qui l’entoure avec son téléphone portable, puis une autre volontaire, qui réalise un documentaire, lui offre un de ses appareils photos.

Arrivé en France en 2017, il y dépose une demande d’asile. Il obtient tout d’abord une protection subsidiaire, puis le statut de réfugié politique. Adbul Saboor décide de continuer à documenter le quotidien des migrants, dont il a un temps partagé le vécu, notamment dans la jungle de Calais et à Grande-Synthe.

Il publie et expose ses photographies à travers l’Europe ; Serbie, Espagne, Angleterre, Pologne et France : à la Cité des Mots, à la Friche Belle de Mai à Marseille, au Théâtre Sénart, au CCAM – scène nationale de Vandœuvres-lès-Nancy, au Transfo, espace culturel d’Emmaüs Solidarité.

Membre de l’atelier des artistes en exil depuis 2018, il a eu la chance de voir ses photos exposées sur les murs du Ministère de la Culture dans le cadre de l’exposition de l’atelier des artistes en exil en juin 2018, où il a rencontré la ministre de la Culture Françoise Nyssen.

Depuis septembre 2021, il est en résidence à l’Institut supérieur des arts de Toulouse dans le cadre du programme Pause du Collège de France.