Pour ce second article des rendez-vous culture du mois de février, nous poursuivons notre sélection de pièces de théâtre relatives à l’exil, avec la pièce de Sabrina Kouroughli – L’Art de perdre – d’après le roman d’Alice Zeniter au Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis.
Une pièce adaptée d’un roman qui créa l’évènement…
Publié en 2017 aux éditions Flammarion, L’Art de perdre d’Alice Zeniter fut un évènement. Récompensé par une demi-douzaine de prix littéraires dont le prix Goncourt des lycéens 2017, le roman d’Alice Zeniter resta jusqu’en 2018 dans le palmarès des livres francophones les plus vendus en France.
Dans cette saga historique, la narratrice, Naïma, partie étudier dans une grande ville, travaille dans une galerie d’art quand surviennent les attentats de 2015. Cet évènement déclencheur va l’amener à désirer dépasser le silence des siens, et comprendre la honte de son grand-père harki. Tout en partageant les rêves des jeunes de sa génération, elle s’interroge sur l’origine d’une colère enfouie en elle et insaisissable. L’occasion d’illustrer une réalité passée, celle de ces milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont fui leur pays et ont atterri en France dans le camp de Rivesaltes.
…illustrant les complexités de l’exil
« À travers cette quête et cette plongée dans la mémoire familiale, l’autrice s’interroge sur la notion de transmission : que veut dire transmettre un pays, une culture, une langue, une histoire faite de silences ? »
La comédienne et autrice Sabrina Kourouglhi met en scène avec finesse le conflit intérieur de Naïma, héroïne de l’histoire, tiraillée entre une aspiration à l’émancipation et un passé obscur. Une adaptation essentielle, pour comprendre les complexités de l’exil.
Sabrina Kourouglhi ouvre le récit par une danse, libre et légère, contrastant avec l’introspection inquiète qui s’ensuit, propre aux descendants d’immigrés qui n’ont jamais reçu les clés de leur pays d’origine. Naïma n’a qu’un but : redessiner progressivement les contours de son histoire, levant le voile sur les secrets et les douleurs qui marquent les générations.
Les grands-parents de l’héroïne permettent d’illustrer un pan de l’Histoire de France et de la guerre d’Algérie. D’un côté, il y a Yema, une femme âgée d’origine algérienne, affairée à sa table de cuisine ou à sa broderie, devenue femme et mère dès l’enfance et Ali, le grand-père, un roc solide et résolu, qui a délibérément coupé les liens avec son passé pour construire une nouvelle vie en France. L’Art de perdre offre une réflexion profonde qui explore les complexités de l’identité, des choix individuels et de leurs conséquences, ainsi que la notion de perte, à travers le récit d’une fresque familiale tiraillée entre la France et les mémoires algériennes.
Jusqu’au 9 février 2024 au Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis, L’Art de perdre d’après le roman d’Alice Zeniter – adaptation de Sabrina Kouroughli.
Du lundi au vendredi à 20h, samedi à 18h, dimanche à 15h30, relâche le mardi
Durée : 1h10 – Salle Mehmet Ulusoy – spectacle conseillé à partir de 14 ans
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site du théâtre : https://tgp.theatregerardphilipe.com/spectacle/lart-de-perdre-2/