Retour sur l’entretien réalisé avec deux soeurs de 19 et 17 ans, Sedra et Joudi, jeunes syriennes ayant obtenu la protection internationale il y a tout juste un mois.


Sedra (19 ans) et Joudi (17 ans) lors de notre échange du mercredi 5 août 2020.

Pouvez-vous vous présenter ? Où avez-vous grandi et quelles études faites-vous ?

Nous sommes Sedra et Joudi, deux soeurs âgées respectivement de 19 et 17 ans.
Nous venons d’Idleb en Syrie, où nous avons vécu jusqu’en 2015. Nous avons déménagé à Damas en 2015 et nous sommes ensuite parties au Liban en 2016 où nous sommes restées 3 ans, jusqu’en 2019.

Au Liban, nous avons poursuivi notre scolarité. Sedra a suivi sa première, sa terminale et entamé sa première année d’études en informatique. Joudi a elle passé son brevet, a suivi sa seconde et sa première. Nous nous sommes engagées auprès du Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) au Liban, où nous avons notamment animé des concerts et séances de chant. (vidéo à retrouver plus-bas)

Quelles ont été les étapes marquantes depuis votre arrivée en France ?

Avec nos deux parents et notre petite soeur, nous sommes partis de Beyrouth et sommes arrivés à l’aéroport de Paris le 30 septembre 2019.
Nous avons obtenu un logement pour notre famille dans un CADA de Coallia, à Persan dans le Val-d’Oise.

Sedra : Le 29 mai 2020, nous avons été convoqués à l’Ofpra pour notre entretien. Joudi et notre jeune soeur étant toutes les deux mineures, elles n’ont pas eu à passer l’entretien. Nous avons ensuite attendu plusieurs semaines.

Le 9 juillet 2020, nous avons obtenu le récepissé attestant de l’obtention de la protection internationale, qui nous permet de rester pendant 10 ans en France !

Pour la suite, nous souhaitons participer au programme de logement proposé par l’État pour partir vivre ailleurs en France ; en Alsace, dans le Nord-pas-de-Calais, ou dans les Pays de la Loire.

 

L’exil, qu’est ce que ça représente pour vous ?

Nous étions en danger à Idleb en Syrie et il est très difficile d’accéder à l’éducation ou à un travail sur place. En arrivant au Liban, nous avons constaté que la vie y était également difficile, surtout pour des personnes venues de Syrie. Nous ne pouvions pas rester là-bas. C’était très dangereux. Mais on a pu étudier et apprendre l’anglais car tous les cours sont dispensés dans cette langue. Aujourd’hui, nous sommes attérées par les images de l’explosion au Liban et la situation des personnes vivant à Beyrouth.

Tous ces départs ont été douloureux, il n’est jamais simple de partir.

L’arrivée en France a été un soulagement. Ce pays nous semble très sécurisé et accueillant

 

Quels sont vos projets personnels ?

Nous souhaitons apprendre rapidement le français pour reprendre nos études, rencontrer des personnes, nous engager dans des activités.

Sedra souhaite reprendre ses études en informatique et intégrer un établissement français.

Et Joudi veut terminer le lycée, obtenir son baccalauréat et démarrer des études de médecine. Au Liban, on lui a dit qu’elle ne pourrait jamais devenir médecin. Elle sait que cela nécessite de travailler dur pour atteindre cet objectif, mais elle a le sentiment que c’est possible ici en France.

En parallèle, elles souhaitent poursuivre leur passion, le chant. C’est à la fois une source d’épanouissement, mais aussi un facteur de lien social fort.

 

Comment s’est passée la période de confinement pour vous ?

Nous sommes arrivées en septembre et depuis, le contexte n’a pas été simple : gilets jaunes, grèves des transports, crise du Covid-19… Cela a retardé les possibilités de suivre des cours de français, de rencontrer de nouvelles personnes, le processus d’intégration de façon générale.

Pendant le covid-19, nous sommes restés en famille dans notre hébergement, où nous avons exploité notre temps pour faire des exercices d’apprentissage de français, suivre les cours en ligne du lycée, aider nos parents, écrire des chansons…

 

Qu’est ce qui vous plaît le plus en France ? Qu’est ce que vous souhaitez apporter à la France ?

La France a tellement à nous apporter. Sa population est très accueillante et facilement abordable. Les paysages sont somptueux et variés. C’est un pays stable et sécurisé dans lequel on sent qu’on va être bien. La culture aussi ! On écoute des chanteurs francophones (Céline Dion, Lara Fabian, Joe Dassin…)  et on a déjà découvert de nombreux films (Intouchables, Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, Le fabuleux destin d’Amélie Poulain…).

Pour que nous puissions nous sentir utiles ici en France, nous devons apprendre rapidement la langue, qui est un frein à notre intégration. Nous souhaitons apprendre pour pouvoir être utile, étudier, travailler, rencontrer des gens.

 

La DIAIR remercie Sedra, Joudi et leur père pour leur disponibilité et le temps accordé pour rendre possible cet échange.

La DIAIR remercie également l’association Action Emploi Réfugiés (AERé) qui soutient Sedra et Joudi et nous a permis d’entrer en contact avec elles.

Découvrez ici un reportage sur la passion de Sedra OSN et le HCR au Liban.