À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes du 8 mars, la Diair met en lumière les parcours d’intégration de femmes réfugiées en France.

8 portraits de 8 femmes venant d’horizons variés sont publiés, pour valoriser la vie qu’elles se sont construites en France, les liens tissés, et la résilience dont elles font preuve.

 

 

 

Pour s’intégrer, Heba en est convaincue, c’est la personnalité qui compte et les rencontres que l’on fait. Cette jeune femme syrienne de 34 ans, mère d’une petite fille de 6 ans, est arrivée en France en 2012, alors qu’elle fuyait les combats dans son pays, pour y retrouver son mari qui effectuait ses études. A tout juste 25 ans, elle quitte ses parents et son poste au sein d’un établissement de micro finance en Syrie et débarque dans « un nouveau pays, une nouvelle culture et une nouvelle vie familiale. La première année était très dure, je ne faisais rien ». Ensuite, Heba commence à apprendre le français à l’université de Nice, puis tombe enceinte. La grossesse fut un moment difficile pour Heba, bien qu’elle reconnaisse que le système de santé est excellent. En effet, sa grossesse lui fait d’autant plus ressentir l’absence de sa mère.

Trouver sa vocation professionnelle 

Le parcours d’intégration d’Heba a été marqué par des rencontres déterminantes et des personnes clés. Son mari d’abord, Fadi, qui croit véritablement en l’égalité femmes/hommes et a accepté de mettre sa carrière personnelle entre parenthèse et de déménager en Ile-de-France pour que son épouse puisse poursuivre ses études et accéder à l’emploi auquel elle aspirait. 

Il y a ensuite son mentor à Kodiko, directeur régional à EDF : 

« C’est lui qui m’a dit qu’il fallait reprendre les études, que c’était la clé pour rentrer dans la vie professionnelle en France. Il m’a donné l’énergie pour reprendre ma vie ». 

Kodiko, Heba le dit elle-même, a changé sa vie en France. Dans l’incapacité de trouver un stage pour valider le master en management et stratégie d’entreprise débuté en France, elle était véritablement découragée.  Alors qu’elle se rend à Pôle emploi pour modifier son CV en 2017, on lui parle de cette association à visée d’insertion professionnelle des réfugiés qui débute à Tours. Très vite, grâce à Kodiko, les portes commencent à s’ouvrir. 

« J’étais en dépression, et Kodiko m’a aidée à trouver un stage à Ikea et à développer mes compétences. J’ai ainsi repris confiance après être restée 7 ans à la maison. »

C’est également par l’association qu’elle découvre la formation aux métiers bancaires à laquelle elle s’inscrit, par Kodiko encore que Pôle emploi finance ses déplacements pour cette formation. Quelques années plus tard, et après avoir décroché un bachelor banque et finalisé sa formation en alternance malgré les grèves de 2019 et la crise Covid 2020, elle signe un CDI d’assistante commerciale. 

La signature du contrat est un moment particulièrement marquant pour Heba : « Maintenant, je sens que je suis en sécurité. Je sens que je peux être soulagée, en sécurité avec ma famille. »

Une famille quasiment bilingue 

Présente depuis 9 ans en France, Heba parle couramment le français, aidée de son mari déjà francophone, de sa formation à l’Université de Nice et de son travail personnel.  Quant à sa fille de six ans, c’est bien simple « elle est française : elle parle français plus qu’arabe ; elle a des copines, elle fait tout comme les copines. » Heba continue à lui parler en arabe, mais le français, appris à l’école, vient plus facilement à sa fille. 

Son avenir, Heba, l’a déjà bien en tête. Elle s’imagine rester dans son poste pendant plusieurs années, puis évoluer vers un poste de conseiller et, pourquoi pas, continuer ensuite vers du marketing, domaine dans lequel elle s’était spécialisée en Syrie. « Je suis en train de réaliser mon projet et c’est important pour moi. Je n’ai pas été obligée de le changer ; c’est mon vrai projet. »

Sa volonté : aider à son tour

Elle se verrait devenir à son tour mentor pour pouvoir aider les réfugiés qui souhaitent s’intégrer en France. Heba aimerait également que son mari puisse trouver un poste qui l’intéresse dans l’enseignement des langues ou l’informatique, lui qui a dû interrompre son doctorat en archéologie. 

Forte de son parcours, Heba voit une réelle transformation entre son arrivée en France en 2012 et sa situation actuelle :  « Avant je n’avais pas confiance, j’avais perdu tout espoir. Maintenant j’ai beaucoup de projets en tête et ça a une influence positive pour ma vie familiale. Je suis une nouvelle personne. »

Heba se sent pleinement intégrée en France. Outre les rencontres, la télévision française l’a beaucoup aidée : les informations, la téléréalité, les films, autant d’opportunité de découvrir la culture et la langue française. 

« J’ai envie de m’intégrer dans cette société, je me sens comme les Français ici. J’essaie de ne pas tenir compte des mots très négatifs et je me concentre sur les gens qui font des choses positives. »