Sali Al Qasab – Lauréate de la troisième promotion de l’Académie
Quel est votre parcours professionnel ?
Je m’appelle Sali, je suis irakienne et réside actuellement à Tours. En Irak, j’ai obtenu un bac+3 en radiologie et j’ai exercé pendant un an et demi en tant que technicienne en radiologie.
En 2014, la situation politique en Irak est devenue particulièrement instable à cause de l’arrivée de Daesh. Avec ma famille nous avons décidé de quitter l’Irak et nous sommes venus en France en 2016 pour être en sécurité.
Dès mon arrivée, j’ai très vite appris la langue alors que je n’avais aucune notion de français. J’ai également dû rapidement comprendre et assimiler les rouages administratifs pour aider les membres de ma famille dans leurs démarches et pour espérer exercer le métier que j’occupais en Irak.
Mon diplôme de radiologie n’était pas reconnu en France puisque l’Irak étant en dehors de l’Union européenne, les diplômes médicaux et paramédicaux ne sont pas reconnus en France. Ainsi pour exercer le même métier, j’aurais dû reprendre trois ans d’études, ce qui n’était pas envisageable. J’ai donc commencé à chercher des formations qui me permettaient d’être en contact avec un public ayant besoin d’un accompagnement socio-professionnel. J’ai suivi une formation de conseillère en insertion professionnelle qui m’a permis d’avoir un diplôme de niveau bac +2. Suite à l’obtention de ce diplôme, j’ai été recrutée au sein d’une association pour l’accompagnement des personnes bénéficiant de la protection internationale et j’exerce depuis 2021 au sein de cette association.
De quelle manière êtes-vous engagé auprès des personnes exilées en France et quels sont vos champs d’expertise ?
Au sein de l’association pour laquelle je travaille, j’accompagne des bénéficiaires de la protection internationale afin de favoriser leur intégration professionnelle en tant que cheffe de projet territorial.
Une partie de mes missions consiste à piloter et coordonner deux promotions par an (environ 30 personnes par promotion), gérer le processus de recrutement de participants réfugiés, l’animation d’ateliers collectifs et l’accompagnement individuel de ce public pour faciliter l’insertion professionnelle.
Tout au long de mes missions, je m’efforce de favoriser l’intégration des personnes réfugiées notamment avec un travail autour de la transmission de codes socio-professionnel et culturel. Cela permet à ce que chaque personne puisse mieux assimiler la culture française en valorisant les cultures d’origine pour faire de la diversité et de la multi-culturalité une force au service de l’enrichissement de notre société.
De même, j’œuvre pour faciliter l’autonomie des personnes tout en les aidant à développer leur réseau professionnel en tissant des liens avec des entreprises et des personnes ressources.
Qu’est-ce que la participation des personnes réfugiées pour vous et comment pourrait-on aller plus loin ?
En tant que personne bien intégrée en France travaillant dans le domaine de l’insertion, je perçois la participation des réfugiés non seulement comme un droit, mais comme une ressource essentielle pour la société. La participation signifie que les réfugiés ne sont pas seulement des bénéficiaires passifs des services, mais des acteurs à part entière de la société.
La participation ne doit pas se limiter à une intégration fonctionnelle, mais viser une transformation mutuelle où les réfugiés et la communauté d’accueil s’enrichissent réciproquement. Cela implique une inclusion dans la vie culturelle, sociale et communautaire, en participant à des événements locaux, en s’impliquant dans des associations et en tissant des liens avec la société française.
Il ne s’agit pas seulement de s’adapter à la culture existante, mais de la co-créer. Par exemple, organiser des festivals multiculturels où les réfugiés peuvent partager leur musique, leurs arts et leurs traditions, créant ainsi une nouvelle culture hybride qui enrichit tous les participants.
De même, la participation doit englober l’aspect socio-économique et œuvrer pour l’intégration des réfugiés dans le marché du travail. Cela ne doit pas se limiter pas à l’accès à des emplois précaires, mais inclut aussi la reconnaissance de leurs compétences, leurs qualifications, et la création de parcours professionnels qui leur permettent de se développer et de contribuer pleinement à l’économie locale.
De plus, la participation comprend un volet politique et citoyen. Les réfugiés devraient avoir la possibilité de participer aux processus décisionnels qui affectent leur vie, que ce soit à travers des conseils consultatifs, des forums de discussion, ou des consultations publiques. Leur voix doit être entendue dans les politiques locales et nationales.
Comment aller plus loin ? Voici quelques propositions :
- Renforcement de l’éducation et de la formation : proposer des programmes de formation et d’éducation adaptés qui permettent aux réfugiés d’acquérir de nouvelles compétences et de valider celles acquises dans leur pays d’origine. Des partenariats avec des entreprises locales pour des stages et des formations en alternance pourraient faciliter l’intégration professionnelle.
- Mise en place de structures d’accompagnement : créer des structures dédiées pour soutenir les réfugiés dans leurs démarches administratives, leur recherche d’emploi et leur intégration sociale. Ces structures pourraient inclure des conseillers spécialisés, des mentors et des réseaux de soutien.
- Promotion de l’entrepreneuriat : encourager et soutenir les initiatives entrepreneuriales des réfugiés par des programmes de financement, des formations en gestion d’entreprise et des réseaux d’accompagnement. Les réfugiés peuvent apporter des idées novatrices et contribuer à la dynamisation de l’économie locale.
- Sensibilisation et éducation du public : organiser des campagnes de sensibilisation pour changer les perceptions et réduire les préjugés envers les réfugiés. Promouvoir les succès et les contributions des réfugiés peut aider à renforcer l’acceptation et l’inclusion sociale.
La participation des réfugiés est essentielle pour leur intégration réussie et pour la cohésion sociale.
La participation des réfugiés ne doit pas se limiter à une simple intégration dans la société d’accueil. Elle doit être vue comme une opportunité de transformation mutuelle où les réfugiés deviennent des co-créateurs de leur nouvelle communauté. En adoptant des approches innovantes et inclusives, nous pouvons construire une société plus inclusive et dynamique, riche de toutes ses diversités.
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