Après trois éditions réussies en 2018, 2019 et 2020, l’Agora, la rencontre nationale annuelle des acteurs de l’accueil et de l’intégration des personnes réfugiées est revenue pour la quatrième fois sous le thème de l’hospitalité. « Si j’ai décidé, avec mon équipe, de créer cet événement, c’est avant tout pour dégager un moment privilégié d’échange entre les acteurs publics, privés et associatifs afin de penser, ensemble, la politique d’accueil et d’intégration des réfugiés » Alain Régnier, délégué interministériel à l’accueil et à l’intégration des réfugiés. Tout au long de la journée, des ateliers sur différentes thématiques se sont succédé, ponctués de temps d’échanges. Une exposition photo a été présentée aux participants et une conférence-débat et une plénière ont clos la journée.

 

Ouverture de la Journée  

par Madame Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, chargée de la Citoyenneté. “La France est une terre d’asile et accueille avec humanité celles et ceux qui demandent protection. Très heureuse de lancer la 4ème édition de l’Agora des réfugiés, avec l’ensemble des acteurs de l’accueil et de l’intégration”

Lancement de l’application Réfugiés.info

L’Agora 2021 a été également l’occasion de lancer officiellement l’application mobile de la plateforme collaborative réfugiés.info. Celle-ci donne un accès facilité aux contenus proposés par la plateforme web jumelle. L’ergonomie, la navigation et l’expérience utilisateur ont été conçues pour répondre spécifiquement aux usages numériques des personnes réfugiées. Toutes les fonctionnalités sont co-construites et testées à la fois par des utilisateurs et par des travailleurs sociaux avant leur développement. L’application propose ainsi une expérience adaptée et en accord avec les besoins de ses utilisateurs. La personnalisation de l’application, la sélection de favoris, le partage de fiches, la recherche optimisée et le switch de langue sont autant de fonctionnalités développées dans l’application mobile.Téléchargez l’application et découvrez ces fonctionnalités par vous-mêmes ! Refugiés.info est disponible sur :

Les différents ateliers 

Atelier A : la mobilisation de la société civile

L’objectif de cet atelier était de mettre en avant les dispositifs pensés par différents acteurs pour l’accueil et à l’intégration des réfugiés tout en faisant ressortir les enjeux et les problématiques. Trois thématiques ont été abordées : l’éducation, l’emploi et la mobilisation de la société civile.

Thématique 1 : Éducation  Les défis exposés : 

  • Diversité des profils et des niveaux
  • Mise en réseau des universités, analyse des besoins de première urgence : apprentissage du français
  • Besoin de prendre en compte les différences culturelles et la reconnaissance des diplômes
  • Mise en place de diplômes passerelles reconnus
  • Accompagnement social et psychologique des étudiants en exil

Les enjeux :

  • Travailler en complémentarité avec les établissements du supérieur pour s’assurer que chaque parcours soit reconnu pour permettre une meilleure intégration et éviter le déclassement
  • Dépendance des associations aux subventions publiques
  • Obtention de bourses d’études
  • Méconnaissance des différentes associations pouvant aider les étudiants exilés dans leurs démarches
  • Nécessité d’agir au niveau national : dispositifs très souvent concentrés dans la capitale

Thématique 2 : Emploi

L’intégration professionnelle des bénéficiaires de la protection internationale constitue un socle indispensable pour un processus d’intégration durable. Dans ce deuxième panel sur l’emploi, différents programmes et dispositifs favorisant l’insertion professionnelle des réfugiés ont été présentés. Parmi ceux-ci :

  • La mise en commun d’un réseau des acteurs associatifs, privés et publics, pour l’accompagnement des personnes réfugiées à travers l’incubation
  • La mise en relation des réfugiés avec les employeurs, les entreprises pour leur permettre de s’approprier les codes sociaux-professionnels (ateliers de recherche d’emploi, connaissance du marché du travail…)
  • Pour les artisans exilés, difficulté de reconnaissance de leurs compétences, une formation certifiante est donc mise en place pour adapter leur formation au monde du travail français

Les obstacles :

  • La barrière de la langue : difficultés dans les démarches administratives, dans la création d’un réseau…
  • La pérennisation de leurs projets

Thématique 3 : Mobilisation de la société civile

La mobilisation citoyenne est désormais un axe des politiques publiques. “L’intégration a souvent été pensée autour de l’emploi, mais les programmes de mobilisation citoyenne sont essentiels pour la personne réfugiée, pour développer son sentiment d’appartenance, connaître le pays d’accueil, en parler la langue et connaître sa population” nous explique Fatiha Mlati, responsable intégration de France Terre d’Asile On part d’un postulat très simple : les réfugiés sont une chance pour la France.

  • Il faut mettre en équation l’intégration et une revitalisation des territoires qui en ont besoin, ainsi qu’un projet collaboratif avec tous les acteurs associatifs et institutionnels et les collectivités
  • La mobilisation citoyenne, ce n’est pas seulement les bénévoles mais aussi les salariés, qui, par conviction, rejoignent des structures d’accueil
  • Les choses essentielles pour développer le sentiment d’appartenance d’un réfugié sont : connaître le pays, en parler la langue, connaître sa population

Les enjeux et difficultés : 

  • Mobiliser les bénévoles
  • Dans les centres d’hébergement, les BPI ont des parcours qui peuvent changer rapidement, ce qui complique les plannings des volontaires
Atelier B : la participation des réfugiés 

Pour construire une société plus inclusive, il est nécessaire d’inviter les personnes réfugiées à participer aux réflexions et d’enjoindre les pouvoirs locaux à prendre en compte leurs avis et leurs points de vue. Plusieurs acteurs présents ont présenté de nombreuses initiatives où la parole et l’expérience des personnes réfugiées sont prises en compte :

  • Le bénévolat inclusif au Secours catholique – Le Cèdre
  • L’accueil par des pairs au groupe SOS Solidarité
  • Des réfugiés enseignant à l’université de Clermont-Ferrand avec le projet CoLAB
  • Une formation sur le fonctionnement d’une assemblée générale avec l’Union des étudiants exilés
  • Des réfugiés experts pour l’appel à projets national DGEF-Diair
  • Des élus qui veulent « aller vers » les nouveaux arrivants avec l’Anvita
  • Des bénéficiaires de la politique d’intégration dans le comité stratégique d’évaluation

Les participants ont relevé des défis tels que la maîtrise de la langue, la participation des femmes réfugiées, le coût de la participation et la nécessité d’aller chercher les personnes qui sont les plus éloignées des dispositifs.

 

Atelier C : le numérique au service de l’intégration

Cet atelier s’inscrit dans la continuité de la stratégie de lutte contre la fracture numérique (SLFN) co-construite à l’été 2020 par la Diair et ses partenaires institutionnels et associatifs. La mise en œuvre de cette stratégie s’est traduite par le lancement d’un appel à projets commun avec la Direction générale des étrangers en France (DGEF) et par une enquête sur les usages numériques des personnes réfugiées. Un an après, les onze lauréats de cet appel à projets commun dédié à l’inclusion numérique ont répondu présent pour cet atelier opérationnel, qui a pu réunir une cinquantaine de participants. Objectif de cet atelier : restituer le b.a.-ba en matière d’inclusion numérique des personnes réfugiées dans le but de créer un livrable à destination des conseillers numériques de l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT). Pierre Louis Rolle, directeur stratégie et innovation à l’ANCT et Guilhem Pradalié, directeur général de la MedNum, ont pu introduire l’atelier par un propos plus général sur les enjeux de l’inclusion numérique. Les participants ont échangé autour de certaines questions : Quelles sont les préférences des bénéficiaires de protection internationale (BPI) en matière d’équipement ?

    • Smartphone :  plus intuitif / ergonomique / plus accessible.
    • Ordinateur : à visée d’insertion professionnelle, mais les BPI ont de grandes difficultés d’utilisation liées au clavier, à la souris, aux mots de passe quand il s’agit d’un prêt d’ordinateur.
    • Tablette : entre un ordinateur et un téléphone, elle est moins adaptée pour un usage administratif.
    • Coffre-fort : pour que les BPI puissent mettre tous les documents importants en sécurité

Comment créer les bons leviers pour leur permettre la meilleure approche possible ?

    • Aller vers les personnes qui ont le niveau A1/A2 de la langue : adapter les modules avec beaucoup de visuels, outils.
    • Création d’un nouveau module de formation : questions pédagogiques et nécessité de temps pour former les professionnels/animateurs/aidants.
    • Identifier les personnes en situation d’exclusion numérique, les motiver, les former. Il n’est pas suffisant de comprendre ce qu’est la CAF, il faut aussi permettre aux personnes de mieux appréhender le système dans lequel elles évoluent.

Les bonnes pratiques : lutte contre les usages malveillants

  • Rédaction d’une charte sur les usages d’internet
  • Personnaliser les mots de passe
  • Vérification tous les 6 mois du prestataire sur la possibilité de passer de l’ADSL vers la fibre
  • Développement d’un programme d’action en lien avec les orientations : stratégie numérique

La Diair remercie toutes les associations/institutions qui se sont mobilisées pour mener à bien les différents ateliers.                              

Une après-midi d’échange et de partage

Un conférence-débat sur « Les clefs d’une communication positive avec les médias » réunissait les intervenant suivants : 

Céline Schmitt : Cheffe des relations extérieures et porte-parole au HCR, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés Elle travaille pour le HCR depuis 2007, à la fois au siège à Genève et sur le terrain en Afrique, notamment en République démocratique du Congo (RDC), en République du Congo, au Gabon, au Burundi, au Rwanda, au Cameroun, en Ouganda et au Tchad. Elle rejoint le bureau du HCR à Paris en juillet 2015.

Christophe Bertossi : Chercheur, sociologue et politiste Il a dirigé les travaux sur les migrations et la citoyenneté à Ifri – Institut français des relations internationales pendant 18 ans. Il a également été chercheur Marie Curie au Centre for Research in Ethnic Relations de l’Université de Warwick en Grande Bretagne entre 2001 et 2003, chercheur invité à l’Université de New York (2009), à l’Institut d’étude avancée-Collegium de Lyon (2010) et à l’Institut Max Planck pour l’étude de la diversité culturelle et religieuse de Göttingen (2015), ainsi que « Rector’s Fellow » à l’Institut d’étude avancée des Pays-Bas (NIAS) (2020).

Abda Sall : journaliste reporter Abda Sall a été diplômé de l’école de Journalisme de Paris en 2015. En 2016, il reçoit le Prix Infracourt France Télévisions pour le court documentaire La Récompense. Il est journaliste reporter entre 2015 et 2018 pour BFMTV, RMC SPORT et TF1 Téléfoot. Depuis 2019, Abda Sall est journaliste reporter pour Quotidien, l’émission de Yann Barthes.

Damien Fleurot : rédacteur en chef adjoint Damien Fleurot est aujourd’hui rédacteur en chef adjoint au sein du service politique du Groupe TF1/LCI, fonction qu’il occupe depuis juin 2021. Il était précédemment chef du service politique de CNEWS. Avant cela, il a notamment été reporter au service politique de BFMTV où il était accrédité à l’Elysée lors du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Damien Fleurot est diplômé du Centre de formation des journalistes et de l’école de la chambre de commerce de Paris. Il est l’auteur, avec Mathieu Souquière, expert associé à la Fondation Jean Jaurès, du livre « 2022 : la flambée populiste ».

Chaque acteur, compte tenu du milieu dans lequel il évolue et de ses expériences, a apporté ses réflexions sur le thème suivant : « les clefs d’une communication positive avec les médias ». C’est ainsi que Céline Schmitt, porte-parole au HCR, nous explique la communication au sein du HCR : “au HCR, ce qu’on fait, c’est de donner l’information de la situation au niveau mondial, on communique avec les journalistes dans les pays dans lesquels on se trouve (140 pays), on communique aussi régulièrement par des points de presse organisés à Genève au siège du HCR tous les mardis et tous les vendredis au palais des nations où toutes les agences des nations unies participent au point de presse. C’est à cette occasion qu’on communique des informations importantes, des grosses actualités, et il y a des médias qui sont présents ;  c’est un moyen assez important pour nous de travailler avec les médias.”

Pour Abda Sall : « On parle beaucoup d’immigration, de réfugié, de migrant, de demandeur d’asile… Il y a la question des mots qui est importante, car si vous croisez quelqu’un dans la rue, où que vous faites un micro-trottoir, il y a 70% de chance que la personne ne connaît pas faire la différence. »

« Bien souvent, lorsque l’on traite des questions d’immigrations, les retombées presse mettent en lumière les problèmes et moins les solutions qui existent. C’est un travail qu’il faut poursuivre mais qui, à mon sens, mériterait d’être complété. C’est ce qui s’appelle le journalisme d’impact ou de solution et je suis convaincue que c’est l’avenir. Pour changer la donne, il faut que les journalistes aient à cœur de parler des solutions mais aussi qu’en amont les acteurs de l’écosystème (comme la Diair, les associations et autres institutions) mettent à disposition l’intégralité des informations concernant les actions effectuées et les dispositifs qui existent pour l’accueil et l’intégration des ressortissants étrangers. » Yoko Trigalot

Du côté de Christophe Bertossi : « On est dans un monde avec la question de la post vérité, la question des réseaux sociaux, avec la question des chaines d’informations, on est dans un mode d’abord où on a complètement déréalisé la réalité de la réalité, c’est-à-dire qu’aujourd’hui la réalité ne pèse plus en face d’opinion, on va donner plus de crédit à une opinion que à de la réalité empiriquement démontré par des chercheurs, par les journalistes de terrain… Et une démocratie où la réalité n’a pas plus son poids dans le débat c’est une démocratie qui ne va très bien !  »

« L’éditorialisation de l’information, aujourd’hui, c’est quelque chose de flagrant dans notre pays, même si c’est encadré notamment pour les chaines de télévisions ou les radios, on voit qu’il y a quand même une marge, mais elle est très loin dans l’opinion qui est exposé dans un titre ou sur une antenne et c’est aussi ça la démocratie …»  » Damien Fleurot

Alain Regnier, préfet et délégué interministériel, s’interroge :
 » Comment j’ai vécu l’accueil des Afghans cet été avec les 15 jours du pont aérien :
Pour moi c’est 2623 personnes qui ont tout perdu, qui ont dû quitter leurs pays sans rien ou avec très peu de choses et il y a eu un cas !
La question que j’attendrai en tant que citoyen c’est :
Ils ont tout perdu ?
Est-ce que le Gouvernement, l’État a fait son travail de protection des Français en assurant le bon criblage des populations qui sont amenées en Europe et en France en particulier ?
Le travail journalistique pour moi vis-à-vis des Français d’un point de vue neutre c’est le travail de mise en protection par l’étude individuelle de chaque cas.
On a sur tous les grands médias nationaux, un.e médecin qui vous parle de l’actualité médicale, un.e journaliste économiste qui fait à chaque fois le débrief de l’info et pourquoi sur un sujet aussi majeur pour la démocratie française et européenne n’y a-t-il pas un journaliste spécialiste et qui pourra dire voilà les éléments du sujet. »

Plénière : l’hospitalité : une valeur au quotidien

Cette deuxième table ronde de l’après-midi donne la parole aux réfugiés, qui, par leur parcours, ont réussi à s’en sortir. Il s’agit de :

Rima Hassan : présidente fondatrice de l’observatoire des camps de réfugiés

Rima est née et a grandi dans le camp de réfugiés de Neirab en Syrie. Elle arrive en France à l’âge de 10 ans. Après des études de droit, elle s’engage auprès de l’ Ofpra – Office français de protection des réfugiés et apatrides, puis devient Rapporteure à la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) .Frustrée de ne pas trouver plus d’informations sur les camps et sur celui qu’elle a quitté avec sa mère et ses cinq frères et sœurs, elle a fondé l’Observatoire des Camps de Réfugiés en 2019. Sa mission ? Étudier, enquêter et sensibiliser sur les lieux d’encampement des personnes exilées à travers le monde.

« Quand nous sommes arrivés, on était à Niort, une petite ville en France, on a manqué de repère sur les questions d’hospitalité, on avait du mal à identifier des interlocuteurs, à trouver notre place dans la société, mais fort heureusement les choses évoluent et avancent, la société française est composée de nombreux héros et héroïnes. Pour ma mère ça a été les quelques amies qu’elle a pu se faire dans la ville de Niort qui l’ont aidée et qui ont consacré du temps sur la langue, sur les démarches administratives… C’est tous ces petits gestes qui nous font nous sentir chez nous. »

Daniel Essa : directeur créatif et designer

Daniel est le directeur créatif et designer de sa propre marque de sneakers qu’il a lancée début 2017. Guidé par sa passion pour le design et la mode, Daniel Essa savait déjà, dès son plus jeune âge, qu’il se ferait une place dans le milieu de la mode. Après avoir obtenu son diplôme avec distinction à l’ESMOD, École Supérieure des Arts et techniques de la Mode, il est entré dans le monde de la mode. En 2021, Daniel Essa remporte le Drapers Award du Footwear Designerof the year.

« Quand je suis arrivé en 2014, j’ai tout de suite commencé à apprendre la langue. La langue est une barrière qu’il faut casser immédiatement car c’est ce qui nous permet de nous fondre dans la société.
Ensuite, pour moi ce n’était pas repartir de Zéro mais de moins 1… et à partir de zéro c’était plus simple. À ce moment-là, le challenge c’était la partie administrative et financière. »

Luàna Bajrami : 20 ans, actrice et réalisatrice

Luàna est née au Kosovo d’une mère fonctionnaire et d’un père cuisiniste. À 7 ans, elle quitte son pays natal avec ses parents pour s’installer en France. Elle se prend alors de passion pour la comédie après avoir vu le film Les Enfants de Timpelbachde Nicolas Bary. A l’âge de 10 ans, elle obtient son premier rôle à la télévision dans Le Choix d’Adèle. En 2019, l’actrice s’illustre en donnant la réplique à Adèle Haenel et Noémie Merlant dans Portrait de la jeune fille en feu. Elle joue Sophie, la servante des deux personnages principaux. Ce rôle lui permet d’obtenir une nomination pour le César 2020 du meilleur espoir féminin.

 » J’ai grandi avec une double culture : franco-kosovar, je suis issue de la seconde génération d’immigrés… J’ai été très tôt consciente de cette double culture, j’avais 2 langues maternelles : le français et l’albanais. Je me suis très tôt posé ses questions identitaires : d’où est ce que je viens ? Où est-ce que c’est chez moi ?
Je suis actrice et réalisatrice, j’ai commencé à travailler à l’âge de 10 ans, et dans mon premier projet je jouais « une réfugiée sans papier kosovar » et aujourd’hui, en tant que réalisatrice, je traite de la question de la jeunesse justement, cette question identitaire que j’interroge dans le film : qu’est-ce que ça veut dire, « chez soi » ?
C’est ce désir de cette jeunesse de s’en sortir qui m’a toujours fascinée, j’ai toujours été aussi fascinée par cette vision, cette différence pourtant très riche mais parfois qui peut nous amener à douter. C’est ce que j’aime traiter dans mes films, c’est le propos que je veux véhiculer pour donner une voix à cette jeunesse et à cette nouvelle génération. »

Ces personnages inspirants, issus de l’immigration, avec toutes les difficultés auxquelles ils ont eu à faire face, ont réussi à s’en sortir et à bâtir quelque chose de solide sur cette terre d’accueil qu’est la France. Tout au long de la plénière, ils nous ont ainsi parler de :

  • Leurs parcours avant la France
  • La vision qu’ils ont de la France comme terre d’hospitalité
  • Du chemin vers la construction : comment arrive-t-on à se reconstruire ? Quels sont les éléments nécessaires ?

François Heran, démographe et sociologue, nous a donné sa vision face au thème de la journée : l’hospitalité, pour lui, c’est la capacité à se mettre à la place d’autrui, la capacité à se remettre en mémoire ce qu’on appelle la règle d’or, c’est-à-dire « ne pas faire à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse, et faire à autrui ce que tu voudrais qu’on te fasse », une règle absolument élémentaire qui relie toutes les éthiques, qu’elles soient religieuses ou pas. L’hospitalité, ce n’est pas l’initiative purement individuelle, il faut aussi que ça passe par des institutions, le conseil constitutionnel a consacré le principe de fraternité, je trouve que ça a été un progrès vraiment important vis à vis de l’accueil des personnes qui avaient franchi la frontière. On n’a pas le droit d’aider les personnes à franchir la frontière clandestinement certes, mais, une fois qu’elles sont là, sur le territoire, en détresse, la fraternité est un principe fondateur de la République et qu’il faut savoir mettre en œuvre et il n’y a là aucune contradiction avec les valeurs que peuvent être chrétiennes, musulmanes, juives… ».

Le Délégué Alain Régnier a clôturé l’Agora par un témoignage sur un chercheur de biologie moléculaire qui fait partie des personnes qui ont découvert l’ARN Messager et qui est inventeur du processus de vaccination. Ce chercheur est un réfugié venu de Turquie et installé en Allemagne avec sa mère. A travers ce témoignage, Alain a voulu indiqué le potentiel de création artistique, scientifique, culturel et humain de la migration et des réfugiés qui sont accueillis en France et en Europe.

 

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