Quel est votre parcours professionnel ?

Je m’appelle Floride Ndayizeye et je suis de nationalité burundaise. Après des études en droit dans mon pays d’origine, j’ai passé un Diplôme d’Études Supérieures Spécialisés (DESS) en droits de l’homme et résolution pacifique des conflits. C’est grâce à ce parcours que j’ai commencé ma carrière de défenseuse des droits humains. J’ai travaillé comme observatrice pour une organisation de défense des droits humains, pour laquelle j’étais chargée d’enquêter sur les violations de ces droits ainsi que d’assister les victimes de ces violations.

A partir de 2015, du fait de la situation politique très hostile et menaçante envers les défenseurs des droits humains, j’ai dû m’exiler pour échapper aux violences. J’ai été réfugiée plusieurs années dans divers pays, où j’étais toujours la cible de menaces, avant de trouver asile en France en 2019.

J’ai eu de grandes difficultés à faire valoir mes diplômes et compétences en France. J’étais toujours orientée vers des emplois sous qualifiés par rapport à mon parcours et à mon expérience. J’ai travaillé dans des domaines éloignés de mon champ d’expertise, par exemple en tant qu’animatrice d’une ligne de production. Aujourd’hui, je travaille dans le domaine social qui est plus proche de mon champ d’activités : j’œuvre en effet dans l’accompagnement des personnes isolées hospitalisées ou en maison de retraite. Je projette, à l’avenir, de reprendre des formations sur le droit d’asile et la protection des personnes réfugiées.

De quelle manière êtes-vous engagé auprès des personnes exilées en France et quels sont vos champs d’expertise ?

J’ai commencé mon engagement auprès des autres depuis mon pays d’origine en tant que membre d’une association de défense des droits humains. Ayant vécu la violence et les inégalités, ma détermination n’a cessé de grandir. Une fois en France pendant ma période de demande d’asile, j’ai rejoint une association de la commune où je résidais et nous assistions les autres demandeurs d’asile et les réfugiés dans leurs démarches administratives et dans la distribution d’aide de première nécessité. Après avoir obtenu le statut de réfugié, j’ai entamé une procédure de réunification familiale. Par absence d’accompagnement lors de cette procédure, j’ai dû me former moi-même et j’en suis sortie avec de l’expérience et la volonté d’aider les autres qui affrontaient les mêmes difficultés. J’ai commencé à accompagner quelques familles originaires de mon pays. Puis, avec trois autres personnes, nous avons créé en 2022 l’association Fraternité sur Terre d’Asile, dont l’objectif est d’accompagner les réfugiés et les demandeurs d’asile dans leurs démarches, notamment s’agissant de la procédure de réunification familiale. Nous avons déjà accompagné six familles dont trois dossiers sont encore en cours. Ainsi, avec toutes ces années d’engagement, j’ai développé plusieurs expertises qui sont : l’accompagnement des demandeurs d’asile et des réfugiés dans leurs démarches administratives, dans leur demande d’asile, et également sur la procédure de réunification familiale. J’ai aussi renforcé mes compétences en tant que travailleuse sociale et développé mon savoir-faire en gestion associative.

Qu’est-ce que la participation des personnes réfugiées pour vous et comment pourrait-on aller plus loin ?

Pour moi, la participation des réfugiés doit se traduire par leur implication dans les prises de décisions et la mise en application de ces décisions à tous les niveaux. Il est essentiel d’investir l’échelle locale, là où les personnes réfugiées résident, pour qu’elles puissent être actrices dans les domaines associatifs, au sein des communautés et administrations locales. Pour aller plus loin, nous, les personnes réfugiées, devrions combiner nos efforts en vue de la prise en main des programmes nous concernant et en sensibilisant et mobilisant les réfugiés et la société d’accueil. Cela passe par la création de discours publics par les réfugiés à travers des prises de parole médiatiques, dans des émissions, des débats, afin de faire entendre nos voix. Il est également primordial de pérenniser les programmes favorisant la participation des personnes réfugiées afin de garantir des espaces pour qu’elles soient actrices des projets et non plus perçues comme de simples bénéficiaires. 

 

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