Quel est votre parcours professionnel ?

Je m’appelle Maylis Qaisi, je suis Palestinienne et j’ai récemment obtenu la nationalité française. En Palestine, j’ai étudié les sciences politiques et j’ai un master dans ce domaine. J’ai exercé pendant plus de 10 ans au sein du cabinet du Président palestinien, Mahmoud Abbas, dans le département des politiques de développement social à destination des femmes et de la jeunesse. A notre arrivée en France, la procédure d’asile a été difficile : on se sentait vulnérables et perdus face à toutes les démarches à entreprendre. Cela a été une vraie épreuve pour moi. Après un peu plus d’un an, les membres de ma famille et moi-même avons obtenu le statut de réfugiés politiques. A partir de là, nous avons dû nous lancer dans une nouvelle phase, celle de l’intégration. Comprendre le fonctionnement de la société française, apprendre la langue, comprendre les démarches administratives, faire reconnaître ses diplômes et ses expériences à l’étranger, connaître et avoir accès aux formations, pouvoir trouver un emploi…Cela a été très complexe et nous nous sommes sentis isolés socialement. De cette période, je retiens combien il est parfois difficile de trouver la motivation et l’énergie pour continuer d’avancer et d’initier des démarches. J’ai eu le sentiment que nous devions surmonter de nombreux obstacles qui se présentaient à nous dans notre parcours en France. Je retiens aussi que les liens que nous avons noués avec la société d’accueil en France nous ont énormément aidé.

J’ai d’abord exercé un emploi alimentaire au sein d’une garderie. Aujourd’hui, je réside dans les Pyrénées-Atlantiques et depuis deux ans, j’exerce en tant qu’assistante de recherche au sein d’une école de commerce et, parallèlement, je réalise une thèse de recherche sur les politiques publiques en matière d’intégration des femmes réfugiées en France. 

 

De quelle manière êtes-vous engagé auprès des personnes exilées en France et quels sont vos champs d’expertise ?

Dès mon arrivée en France, je me suis engagée auprès des réfugiés. Tout d’abord, il fallait que je sois en mesure de communiquer avec mes interlocuteurs et j’ai donc appris la langue française. Par la suite, j’ai commencé à accompagner des femmes réfugiées de mon quartier dans leurs démarches quotidiennes, administratives et de santé. Je les accompagnais par exemple pour leurs rendez-vous médicaux. Afin d’aller plus loin dans le soutien des femmes réfugiées en France, j’ai entamé une thèse sur les politiques publiques traitant de leur intégration. Ces femmes subissent souvent des discriminations liées au genre, qui s’ajoutent au reste, et sont de ce fait vulnérables. Dans mon travail de recherche, je souhaite formuler des recommandations pour améliorer l’accueil et l’intégration des publics de femmes réfugiées afin que les politiques et programmes répondent davantage à leurs besoins et spécificités. Je veux contribuer à améliorer la situation de ces femmes demandeuses d’asile ou réfugiées à travers mon travail de recherche sur leur intégration socio-économique et sur les politiques publiques d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile et réfugiés.

Qu’est-ce que la participation des personnes réfugiées pour vous et comment pourrait-on aller plus loin ?

Je crois pleinement à la nécessité d’impliquer et de renforcer la participation des réfugiés à l’élaboration des politiques et des programmes qui les concernent. Les réfugiés constituent une catégorie diversifiée et hétérogène car chaque parcours d’exil est unique. Les réfugiés sont les seuls à pouvoir formuler leurs besoins et leur consultation est donc essentielle. A l’heure actuelle, il n’y a pas de personnes réfugiées dans les sphères politiques et institutionnelles de ma commune et je le déplore. Pour ma part, je cherche à m’engager localement et à participer à ces instances politiques pour représenter les femmes réfugiées. Dans toutes les villes, il me paraît très important de favoriser l’égalité des chances et des opportunités pour tous les habitants, y compris les réfugiés. Cela passe par une politique volontariste de la part des acteurs politiques locaux et des collectivités territoriales pour créer des espaces de rencontre, de participation et d’échanges entre les publics réfugiés et la société d’accueil. La participation ne peut se faire sans la création de ces espaces et d’outils dédiés à recueillir la parole des publics visés.

 

 

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