Quel est votre parcours professionnel ?

Je m’appelle Najah Fallaha, je suis d’origine syrienne et j’habite depuis peu en Meurthe-et-Moselle. Du fait de la situation en Syrie, j’ai été contrainte à l’exil avec ma famille. Mon chemin d’exil a commencé en Jordanie, puis m’a amené à traverser l’océan Atlantique, où j’ai passé un certain temps au Brésil, avant de m’installer en Guyane. Ne maitrisant pas la langue française à mon arrivée, j’ai dû par moi-même commencer mon apprentissage de la langue. C’est grâce notamment à l’aide d’amis bénévoles français que j’ai pu perfectionner ma maitrise de la langue et de la culture française et réaliser les diverses démarches scolaires. J’ai passé le Brevet en tant que candidat libre, puis j’ai continué ma scolarité au lycée où j’ai obtenu mon Baccalauréat ES en 2020. Ayant toujours eu une appétence pour la vie associative et le bénévolat, j’ai effectué deux formations en Guyane, l’une sur la place des jeunes dans les associations et l’autre sur la vie démocratique des associations.  J’ai ensuite déménagé dans les Hauts-de-France pour entamer une licence en Sciences Économiques et Sociales à l’Université de Lille. En septembre, j’ai débuté un Master en études européennes et internationales, avec une spécialité en communication à l’Université de Nancy, afin de poursuivre une carrière professionnelle au sein d’organisations internationales et d’associations œuvrant dans la défense des droits des humains et des personnes réfugiées. 

 

De quelle manière êtes-vous engagé auprès des personnes exilées en France et quels sont vos champs d’expertise ?

Soucieuse de venir en aide aux autres, j’ai décidé de m’engager auprès des personnes réfugiées et migrantes. Déjà en Guyane, je me suis engagée auprès des personnes réfugiées en tant que médiatrice auprès de la Croix-Rouge, où j’accompagnais également des familles réfugiées dans leurs démarches administratives.

En Guyane, j’ai également travaillé auprès d’un cabinet d’avocat spécialisé en droit des étrangers pour lequel j’effectuais de la traduction et de l’interprétariat.

Au cours de ma licence, je me suis également engagée en tant que bénévole à la permanence juridique de la Cimade, où j’accompagnais les familles dans leurs démarches administratives et je les formais en binôme en aux entretiens pour l’OFPRA et la CNDA. J’ai été bénévole pour la Croix-Rouge où dans les camps de réfugiés à Calais et dans les centres à Lille, j’assurais la distribution de denrées alimentaires et offrait un suivi médical aux réfugiés et migrants.

Mes expériences en tant que médiatrice et bénévole auprès de diverses associations et dans des contextes variés m’ont permis de développer des compétences en communication, médiation, résolution de différends, et m’ont permis d’obtenir une meilleure compréhension des enjeux sociaux et juridiques liés aux personnes exilées en France.

Mes implications dans des associations et des projets axés sur l’éducation, les droits humains et l’intégration me donnent une perspective diversifiée et un ensemble de compétences permettant de contribuer au soutien et à l’autonomisation des personnes exilées.

 

Qu’est-ce que la participation des personnes réfugiées pour vous et comment pourrait-on aller plus loin ?

La participation des personnes réfugiées est pour moi fondamentale, car elle témoigne de la reconnaissance par la société d’accueil de leur dignité et de leur expertise. C’est une voix authentique qui doit être entendue et respectée.

La participation peut se décliner sous plusieurs formes. Selon moi, il serait nécessaire qu’un Conseil consultatif composé de réfugiés soit créé afin de conseiller les autorités locales sur les politiques et projets liés à l’intégration des réfugiés. Ceci permettrait de prendre en compte véritablement l’avis des personnes directement concernées par les décisions qui sont mises en œuvre. En passant par le local, les actions prises seront plus efficaces et atteindront le niveau national de manière graduée. La participation peut également se traduire par la collaboration entre les réfugiés et les artistes locaux afin de créer des œuvres reflétant la diversité et l’unité de la communauté.

Il est nécessaire de former les réfugiés à la prise de parole en public et dans les médias, afin qu’ils puissent partager leurs récits et opinions, permettant une meilleure compréhension de leurs défis, mais également leur contributions. Le partage d’expérience permet de trouver des solutions pour améliorer l’intégration et la vie des réfugiés.

 

 

 

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