Quel est votre parcours professionnel ?

Je m’appelle Reem Alkhatib et je suis de nationalité syrienne. J’ai réalisé mes études en Syrie où j’ai obtenu un Bac+2 en commerce et gestion de projet. J’ai exercé en Syrie en tant que gérante d’un commerce de 2007 à 2015. Suite à 2011 et du fait du conflit en Syrie, j’ai reçu des menaces me contraignant à l’exil avec ma famille. Pour survivre, nous sommes passés par la Turquie, la Grèce, avons traversé au risque de nos vies la Méditerranée, et avons poursuivi notre périple à travers l’Europe parfois à pied, en voiture, en train, en avion… jusqu’à la France pour y demander l’asile.

A mon arrivée en France fin 2015, j’ai été accueillie par une famille française dans le Bas-Rhin pendant un an et demi. Cette période a été décisive pour moi, tant j’ai reçu du soutien de leur part pour m’intégrer en France et pour trouver du travail.  Dès l’obtention de ma protection internationale, j’ai exercé en tant qu’aide cuisinière, puis en tant que commis de cuisine dans un restaurant. Avec la pandémie en 2020, j’ai été amenée à repenser ma carrière et j’ai entrepris une reconversion professionnelle dans l’accompagnement social. Depuis 2020, je suis travailleuse sociale au sein d’une association venant en aide aux adultes en situation de handicap. Grâce à cette expérience et à ma meilleure maîtrise du français, j’ai voulu me spécialiser davantage dans l’accompagnement des personnes vulnérables. C’est pourquoi, depuis 2022, je suis une formation d’accompagnement éducatif et social qui me permettra d’acquérir une expertise approfondie en la matière et de contribuer de manière significative à l’accompagnement et au soutien des publics vulnérables.        

 

De quelle manière êtes-vous engagé auprès des personnes exilées en France et quels sont vos champs d’expertise ?

Je suis engagée au sein de plusieurs associations dans ma ville. Tout d’abord, je suis bénévole au sein d’une association qui a pour mission d’accueillir les familles réfugiées, les accompagner dans leurs démarches administratives et leur intégration afin qu’elles puissent être autonomes. Je suis également bénévole pour une ONG qui promeut la défense des droits humains et, dans ce cadre, je participe chaque année à l’organisation d’un festival culturel et interculturel avec la mairie de ma ville. Pendant ce festival, nous invitons des personnes migrantes et réfugiées à participer aux différentes activités mises en place et nous exposons leurs œuvres. Je suis également engagée auprès d’une association qui organise des activités visant à renforcer les liens interculturels entre la société d’accueil et les réfugiés. Parmi nos initiatives, nous avons créé un livre de recettes et organisé une journée d’équitation, permettant ainsi des moments d’échange et de partage. Je participe également de manière régulière à des rencontres culturelles auprès d’une association qui organise des échanges entre des artistes réfugiés et la société d’accueil pour favoriser le vivre-ensemble. J’ai aussi été bénévole auprès du HCR en France.

En parallèle, j’ai accueilli chez moi à deux reprises des familles syriennes, dont l’une réside toujours chez moi. J’accompagne ces familles dans leurs démarches administratives, jusqu’à l’obtention d’un logement. Ces expériences sont extrêmement marquantes et enrichissantes pour moi.

Grâce à mon engagement, j’ai développé des expertises dans l’accompagnement administratif et l’accès aux droits des demandeurs d’asile et réfugiés ainsi que dans la médiation interculturelle. 

 

Qu’est-ce que la participation des personnes réfugiées pour vous et comment pourrait-on aller plus loin ?

La participation selon moi englobe les notions de citoyenneté, de non-discrimination et de respect. Il me paraît prioritaire de briser l’isolement des personnes réfugiées en investissant avant tout le domaine social : ces familles ont besoin d’être incluses et de créer du lien avec la société d’accueil. Les réfugiés souhaitent s’impliquer dans la vie de leur territoire. Ils ont aussi besoin d’être reconnus en tant que citoyens, d’avoir localement des droits civiques et politiques, de comprendre le fonctionnement des institutions en France, de ne pas être stigmatisés pour leurs origines et d’être outillés et écoutés pour participer à la vie politique et sociale de leur territoire. Créer du lien et permettre l’inclusion des populations réfugiées est absolument centrale et ce travail doit se faire au niveau local, au niveau des communes et des quartiers.

 

 

 

 

 

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