Quel est votre parcours professionnel ?

Je m’appelle Sonia Chobache, je suis de nationalité syrienne et je réside en Loire Atlantique. J’étais avocate dans mon pays, j’ai obtenu ma licence de droit en 2000 à la faculté de droit de Damas en Syrie. J’ai ensuite exercé en tant qu’avocate au Barreau de Damas en droit commercial, droit de la famille et droit de la propriété intellectuelle. En parallèle, j’exerçais en tant que chargée d’enseignement en droit commercial à la faculté de droit de Damas.      

Je suis arrivée en France en 2008 pour poursuivre mes études supérieures. Mon projet était d’obtenir un doctorat en France avant de retourner exercer en tant que professeure universitaire dans mon pays. Après avoir obtenu en 2011 mon master 2 en droit privé, droit des assurances et de la responsabilité civile à l’Université de Nantes, j’y ai poursuivi mes études en tant que doctorante-chercheuse en droit des assurances vie jusqu’en 2016. Durant ces années, du fait de la situation dramatique en Syrie, je n’ai pas été en mesure d’arriver au terme de ma thèse et je ne pouvais malheureusement plus rentrer dans mon pays. J’ai été contrainte par le contexte de demander l’asile en France. Devant poursuivre ma vie ici, j’ai exercé en tant qu’auto-entrepreneure pendant quatre ans dans le secteur de la restauration tout en essayant, en vain, d’intégrer l’école d’avocats pour pouvoir exercer en France dans mon domaine. J’ai toujours essayé de me rattacher à mon domaine professionnel malgré les obstacles structurels et je suis, depuis un an, agent territorial administratif à la Direction de la Cohésion sociale et de la Solidarité de ma ville ainsi qu’experte judiciaire (interprète assermentée auprès de la Cour d’appel de Rennes) depuis janvier 2023. Je réfléchis toujours à un moyen d’exercer en tant qu’avocate en France.               

 

 

De quelle manière êtes-vous engagé auprès des personnes exilées en France et quels sont vos champs d’expertise ?

Depuis 2015, je me suis engagée pour accompagner des familles réfugiées syriennes arrivant en Loire Atlantique dans leurs démarches administratives. A partir de 2017 et pendant quatre ans, j’ai été bénévole et secrétaire d’une association dont la mission est l’accueil et l’accompagnement des familles syriennes réfugiées dans leurs démarches administratives. Etant depuis 2009 bénévole auprès du centre socioculturel de mon quartier dans lequel de nombreuses familles réfugiées résident, j’ai été élue en tant que membre du CA en 2021. Ainsi, je suis très investie dans la construction des projets sociaux de mon quartier pour lesquels les réfugiés sont activement inclus pour renforcer le vivre ensemble. Aujourd’hui, mon engagement dans l’accompagnement administratif des familles est plus ponctuel mais j’exerce toujours en tant qu’interprète. Durant ces dernières années, j’ai développé plusieurs champs d’expertise qui sont l’accompagnement social, l’accès aux droits des réfugiés et l’interprétariat judiciaire. 

 

Qu’est-ce que la participation des personnes réfugiées pour vous et comment pourrait-on aller plus loin ?

Je pense qu’il faut mettre en valeur les vastes compétences et expériences des personnes réfugiées dont la société d’accueil pourrait bénéficier si elles étaient reconnues et valorisées. Ainsi, en partant du savoir et de l’expérience des réfugiés, les décisions en termes de politiques publiques répondraient de manière plus ciblée et efficace aux problématiques rencontrées sur le terrain. La participation des personnes réfugiées représente pour moi un changement de regard vis-à-vis des personnes réfugiées : elles ne doivent plus être vues comme des personnes passives et vulnérables ayant toujours besoin d’aide mais comme des personnes actives, compétentes et qualifiées qui sont indispensables à la construction de la vie sociale et des politiques publiques. 

 

 

 

 

 

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