Cet article fait partie d’un témoignage croisé sur l’accueil et l’intégration de réfugiés réinstallés à Lalizolle. Vous pouvez retrouver le témoignage du maire et celui d’une des familles accueillies.
Estelle Verneret-Bord est cheffe de service au sein du Pôle réfugiés de l’association Viltaïs qui est un opérateur de la réinstallation. Nous l’avons interrogé sur ce sujet :
Pouvez-vous nous décrire votre rôle en tant qu’opérateur de la réinstallation ?
« Dans le cadre de notre dispositif ESQUÏS, nous accueillons des familles réfugiées – réinstallées venant de pays d’Afrique Sub-saharienne. Ce programme compte 2 phases : Dans un premier temps, nous accueillons les familles en centre d’accueil temporaire sur les communes de Gannat et Lalizolle dans l’Allier. A Gannat, nous proposons de l’hébergement collectif, tandis qu’a Lalizolle nous avons des maisons, nous permettant d’accueillir des familles – nombreuses.
Ainsi, les familles orientées vont passer 4 mois dans ce centre permettant aux travailleurs sociaux de réaliser des démarches administratives mais également de débuter un accompagnement des familles, notamment autour de la santé des personnes, de la scolarisation des enfants et de l’accès aux droits (Ofpra, Préfecture, Ofii-Cir).
Ce temps permet également d’établir un diagnostic social permettant la captation de logement en adéquation avec les besoins les familles. Une fois le logement pérenne capté les personnes intègrent la deuxième phase d’accompagnement pour une durée de 8 mois pendant lesquels un travailleur social les accompagne dans leur intégration tant administrative, sociale que professionnelle.
L’accompagnement permet de travailler la perméabilité des codes sociaux, de la fonction parentale ou tout simplement du mode de vie. Viltaïs est locataire des logements, et lorsque la situation du ménage le permet, nous faisons glisser le bail au bénéfice de la famille. L’objectif final est qu’à l’issue des 12 mois, les personnes soient autonomes. »
Comment s’est passée l’intégration des familles dans la commune (ici Lalizolle) ?
« L’accueil des premières familles s’est très bien passé sur la commune. Les familles étant francophones, l’intégration a été assez rapide, puisqu’en quelques semaines, 2 femmes de notre programme participaient au cours de Zumba du village.
L’intégration des enfants s’est également bien passée. Lalizolle étant un petit village, nos familles ont augmenté considérablement le nombre d’élèves à l’école en passant de 26 à 38, soit près de 30% d’augmentation de l’effectif. Il est vrai que pour le directeur de l’école, il a fallu s’adapter mais lorsque les premières familles sont parties, beaucoup ont versé une petite larme.
Pour les nouvelles familles arrivées, l’intégration est plus compliquée. Aucune famille n’est francophone et dans une petite commune de zone très rurale, la barrière de la langue est peut-être plus difficile à gérer qu’en ville…
Mais nous trouvons toujours un moyen pour communiquer ! »