Mamdooh Al-Baadani – lauréat de la deuxième promotion de l’Académie
Je m’appelle Mamdooh Al-Baadani et je réside dans le Doubs. Je suis de nationalité yéménite. Au Yémen, j’étais ingénieur en génie civil. J’ai d’abord étudié le génie civil en Syrie et j’ai obtenu ma licence en 2009.
Quel est votre parcours professionnel ?
Je m’appelle Mamdooh Al-Baadani et je réside dans le Doubs. Je suis de nationalité yéménite. Au Yémen, j’étais ingénieur en génie civil. J’ai d’abord étudié le génie civil en Syrie et j’ai obtenu ma licence en 2009. Par la suite, j’ai exercé en tant que chargé d’enseignement au sein du département d’ingénierie civile à l’Université au Yémen pendant cinq ans et, parallèlement, en tant qu’ingénieur en génie civil à mon compte et au sein ds’un bureau d’études. En 2014, je suis allé en Chine pour poursuivre mes études supérieures et obtenir en 2017 un master 2 en sismologie. Suite à l’obtention de mon master, la situation de conflit au Yémen ne m’a pas permis de rentrer dans mon pays. J’ai été contraint de demander l’asile auprès de la France et je suis arrivé sur le territoire français la même année. Après l’obtention de ma protection internationale, j’ai eu de grandes difficultés à trouver un poste qui correspondait à mes études et mon expérience professionnelle en tant qu’ingénieur en génie civil du fait des obstacles liés à la langue, à l’absence d’expérience professionnelle en France (mes expériences hors France étant peu reconnues) et au manque d’opportunités dans mon territoire. J’ai dû reprendre une formation d’un an en tant que technicien supérieur dans l’amélioration thermique des bâtiments qui m’a permis d’exercer dans un domaine proche de mon métier initial.
Aujourd’hui, j’exerce au sein d’une structure privée en tant contrôleur de logements et maître d’œuvre des travaux d’adaptation de logement.
De quelle manière êtes-vous engagé auprès des personnes exilées en France et quels sont vos champs d’expertise ?
Depuis mon arrivée en France, je me suis engagé auprès des personnes réfugiées. Tout d’abord, j’ai fondé une association « La France et Ana – Retour positif » (Ana veut dire « Moi » en arabe) dont la mission est de permettre aux personnes réfugiées de s’engager à travers des activités socioculturelles dans la société d’accueil. Au quotidien, j’accompagne également autour de moi des familles de personnes réfugiées dans leurs démarches administratives et dans leur insertion professionnelle. Dans ce cadre, j’interviens régulièrement pour faire de la traduction. J’essaie également de soutenir ces familles sur le plan psychologique : les difficultés sont nombreuses entre les démarches administratives, la séparation géographique des familles, les difficultés à trouver un logement…etc.
Je considère qu’il est essentiel de permettre aux personnes réfugiées d’œuvrer et de s’engager auprès de leur société d’accueil et ainsi de montrer l’apport positif de ces populations à la vie locale et au vivre-ensemble. Il est évident pour moi que l’intégration des réfugiés passe en premier lieu par la possibilité pour eux d’apprendre la langue française de manière qualitative et d’avoir un accompagnement adapté afin d’accéder au marché du travail en cohérence avec leurs compétences et diplômes.
Durant toutes ces années, j’ai, pour ma part, développé à travers mon engagement une expertise dans l’accompagnement des familles réfugiées dans leurs démarches administratives, l’accès au droit et une expertise dans la gestion d’une association et de ses activités.
Qu’est-ce que la participation des personnes réfugiées pour vous et comment pourrait-on aller plus loin ?
La participation des personnes réfugiées est très importante afin de créer des espaces d’échange sur les politiques qui les concernent. En effet, bien qu’elles soient la cible de ces politiques, les personnes réfugiées sont le plus souvent absentes des prises de décision. Or, leur participation permet d’évaluer les politiques pour lesquelles elles sont le public cible et qu’elles sont donc les plus à même d’apprécier. Faire en sorte que les réfugiés puissent se construire une « voix publique » c’est leur permettre d’être représentés dans la société et d’ainsi nourrir leur intégration. La participation des réfugiés est centrale pour éviter des phénomènes de marginalisation de ces populations. Ainsi, il est important de recueillir à chaque étape clé leurs retours sur les programmes qui les concernent au niveau local, de créer des temps de rencontre et d’échanges pour sensibiliser la société d’accueil sur le vécu des réfugiés et enfin d’intégrer des personnes réfugiées aux comités de sélection de projets et comités de pilotage des programmes concernant ces publics.
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