L’accès au matériel informatique pour les personnes réfugiées est l’un des trois axes de la stratégie de lutte contre la fracture numérique portée par la Délégation Interministérielle à l’accueil et à l’intégration des réfugiés (Diair). C’est un sujet sur lequel les collectivités publiques peuvent se mobiliser, comme c’est le cas pour la mairie de Villeurbanne qui a mis en place un programme de dons d’ordinateurs aux associations de son territoire.

Retrouvez ci-dessous l’interview de Mathieu Garabedian, Adjoint au Maire chargé de l’innovation et du développement social, des biens communs et des solidarités à la mairie de Villeurbanne.

Comment fonctionne cette initiative ?

Les unités centrales de la mairie, qui doivent être remplacées par notre DSI (Direction des Systèmes d’Information), sont confiées à une association, Les Ateliers Soudés. Celle-ci vérifie l’état du matériel puis installe un système d’exploitation et des logiciels libres. Notre direction en charge du monde associatif s’occupe ensuite de les redistribuer à des acteurs de notre territoire. Des associations qui œuvrent pour l’accueil et l’intégration des personnes réfugiées comme “SINGA” et  Eris ont pu en bénéficier.

Pourquoi avoir mis en place cette initiative ?

La fracture numérique commence souvent par l’absence du matériel nécessaire pour se connecter et travailler. La ville ne faisant rien de ses anciennes unités centrales, l’équipe en place a souhaité les revaloriser. Pour cela elle a mis en place un partenariat avec Les Ateliers Soudés, une association du territoire spécialisée dans le ré-emploi et le reconditionnement.
En effet, nous n’avons pas les capacités de vérifier que le matériel que nous pourrions donner est en bon état. Pour la plupart, ce sont des vieilles unités centrales et il y a parfois quelques pièces à changer ; tâche dont l’association est en charge.

Comment se passe le don aux associations ?

Une fois le matériel reconditionné par Les Ateliers Soudés, il est renvoyé à notre direction associative. En contact permanent avec les différents acteurs de notre territoire, elle est à l’écoute des besoins des associations.

Elle s’occupe donc de le redistribuer entre les associations qui en ont besoin afin qu’elles le transmettent à leurs bénéficiaires. Nous souhaitons également favoriser les associations qui se trouvent sur notre territoire et que le matériel y reste. Si l’association possède des locaux et que le matériel va être utilisé sur place, c’est un plus! Ce n’est pas du don de matériel pour faire de l’humanitaire à l’international ou dans d’autres collectivités.

Quelle est votre vision pour le mandat qui débute ?

Nous pensons travailler avec d’autres acteurs à destination de publics spécifiques : les écoles et les universités par exemple. De manière générale, nous voudrions aussi intégrer à la liste des équipements des smartphones. Nous nous sommes rendu compte qu’il y a beaucoup de besoins qui passent par une connexion internet. Le téléphone reste la première manière d’accéder à des ressources en ligne et nous voulons intégrer cet aspect à notre programme.

Nous nous sommes rendu compte qu’il y a beaucoup de besoins qui passent par une connexion internet.

Pour les smartphones, nous sommes aujourd’hui dans la phase de recherche de potentiels partenaires mais aussi de mécènes, peut-être du côté des opérateurs, pour conduire le même genre d’opérations. En effet, de nombreuses actions administratives sont difficiles à mener sans ce type d’outil. Même si attention, je porte au cœur de notre programme la volonté de garder le droit au non-numérique. Malheureusement, il n’y a pas que la ville qui peut agir en ce sens, et de nombreuses démarches sont aujourd’hui 100% dématérialisées.

Il faudra là aussi travailler autour du reconditionnement ?

Nous allons également varier les différents acteurs avec lesquels nous travaillons pour le reconditionnement. Nous aimerions par exemple fédérer tout un réseau d’acteurs afin de récupérer du matériel issu d’autres lieux que la mairie. Des entreprises pourraient nous rejoindre. Nous savons qu’il y a un besoin et que ce fonctionnement de reconditionnement est intéressant. Nous voulons aller plus loin.

Que vous disent les associations ?

Elles ont des besoins. Elles ne sont pas les seules. Les particuliers peuvent aussi avoir besoin de matériels. Je pense que notre démarche avec les smartphones peut répondre à cette idée.

Nous passerons par les associations pour qu’elles puissent gérer la redistribution.

Les besoins sont nombreux. Dans les familles, parfois, certains enfants n’ont qu’un smartphone pour être connectés aux ressources pédagogiques. Nous voulons qu’ils puissent utiliser des ordinateurs. Pour les personnes isolées, les téléphones seront l’occasion d’un premier pas vers la connexion.

Pourquoi mener cette action vers les réfugiés ?

Historiquement, la ville s’est engagée dans le réseau des villes et territoires accueillants. Une mission a été portée par l’ancienne équipe municipale. Nommée « Accueillir à Villeurbanne », elle a duré un an et demi. Elle a débouchée sur des propositions très concrètes. Il se trouve que la personne qui présidait ce jury citoyen est le nouveau Maire de la ville, Jean-Paul Bret. Il a donc à cœur de mettre en place les propositions du jury citoyen. L’accès aux objets de première nécessité est l’une de nos priorités. Si l’on regarde la question de l’accès aux droits, avoir un smartphone devient une question de nécessité. La plupart des démarches sont dématérialisées.

Quelles étaient ces propositions du dispositif « Accueillir à Villeurbanne » ?

La proposition phare était d’ouvrir des bains douches car il n’y en avait plus sur notre territoire. Aujourd’hui, nous avons fait un point d’accueil dans l’ancien stade. Il est ouvert aux réfugiés mais aussi à un public plus large.

Il y a aussi un point snacking dans l’ancien bar, et un espace lessive. Désormais, une assistante sociale va les aider dans les démarches. Ce lieu, appelé le Phare est évolutif en fonction des besoins des bénéficiaires.

L’ensemble des propositions sont à retrouver sur un site internet dédié : https://accueillir-villeurbanne.fr/

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